Applis anti-radars : les condamnations tombent

Par TeleCarteGrise |

applis anti-radars : 15 automobilistes sanctionnés

Jugement inédit en France, 15 automobilistes qui s'échangeaient, via Facebook des informations sur la présence de radars sur la route, ont été condamnés.

La page facebook gratuite incriminée, intitulée 'Le groupe qui te dit ou est la police en Aveyron (12)', réunissait plus de 13 000 membres.
On y trouve des posts relatifs aux zones de dangers, par exemple aujourd'hui à 11h00 « Attention voiture dans le fossé virage d'Aujols. Depanneuse sur place» ou à 08h00 « Zone de danger entre le rond point des moutiers et celui du bowling dans la contre allée».

On y trouve aussi des posts du type « Attention à Rignac, contrôle au rond point du Racanel!» ou plus simples Rond point lidl la primaube.

Ainsi donc, on peut connaitre l'emplacement des radars au fur et a mesure qu'ils sont signalés s'ils le sont. Ce n'est pas très pratique car il n'y a pas de carte routière actualisée avec les positions des radars. Juste des posts, à lire. Et pourtant ça marche ! Comme bien d'autres applis dites 'participatives'.

Comment ça marche ?

La page facebook, comme toutes les pages de groupe facebook, est un journal en temps réel qui est mis a jour par la publication des messages de ses membres. Lorsqu'un membre de cette page voit un radar, il publie un post accompagné parfois de son petit commentaire salace. Tout le monde peut lire en temps réel ces messages. Les abonnés reçoivent une notification lors de la publication d'un nouveau message.

C'est un genre de forum participatif. Du fait des possibilités de facebook, notamment de recevoir sur son telephone portable les derniers messages publiés, c'est une liste de diffusion dont le contenu à diffuser est participatif.
En clair, avec un télephone portable équipé de facebook, vous recevez au fur et a mesure les messages du type « Rond point lidl la primaube» et si vous voyez un radar vous déposez un message sur la page pour en informer les 13 000 membres.

un concept partiticipatif et local

Le concept de cette appli anti-radar est local. Il ne concerne que les automobilistes de l'Aveyron. D'autres pages du meme type existent sur internet, concernent d'autres départements ou sont consacrées à des routes, des axes.

En milieu rural, la taille du département est idéale. On retrouve le même type de page dans d'autres départements :

Cette limite géographique permet de recevoir des messages de lieux proches de chez soi que l'on est censé connaitre.

Les messages sont généralement courts, comme des sms. Il faut être du coin pour les déchiffrer : «Attention à la poste à ville franche de Rouergue ça fait souffler» «Rond point de chez maryse sebazac» «Aussonne: gendarmes + jumelles cachés au niveau du garage/ station de lavage direction le village»

Seul un automobiliste du département peut comprendre. Adapté au niveau national, le concept ne marche pas.

Pourquoi facebook ?

Le système est basé sur facebook parce que au moment de sa création (2012) c'était ce qu'il y avait de plus simple et plus disponible. Quand on crée un groupe facebook, on a créé une liste de diffusion. Il suffit donc de creer en 2 clics une page réservée aux conversations sur les radars au fur et a mesure qu'ils sont apercus. Et c'est tout. Ensuite ca marche parce que facebook s'occupe de tout. Même pas besoin de savoir construire une page web ni comment ca marche. Ca marche. N'importe qui peut facilement créer la même chose. En quelques minutes. C'est gratuit, c'est facile et c'est passionnant.

Sans facebook, plus généralement, sans les réseaux sociaux, il aurait fallu pour créer la même chose relier un forum de discussion à une liste de diffusion sms. Ce qui n'est pas à la portée de tout le monde d'autant plus que à cette époque là les sms coutaient cher. Ou plus simplement gerer une mailing-list participative (quand je vois un radar j'envoie un mail à la liste qui le dispatche vers les 13 000 membres ). Mais au bout du 10eme message signalant un radar on serait deja a 130 000 sms ou email envoyé au frais de l'inventeur du concept et ca ne durerait pas longtemps.

Avec facebook, pas de probleme. Il peut y avoir 100 000 membres que ca fonctionnera encore et chacun recevra ses messages en temps réel s'il le souhaite. Ils s'occupent de tout. Ils ont les infrastructures pour cela. Et c'est gratuit.

Seule limite, il ne sera jamais possible de faire plus ou mieux que ce que facebook autorise à faire. Par exemple si l'inventeur du concept avait révé d'afficher une carte du département avec des points rouges clignotants signalant les radars, c'est raté parce que sur facebook les images qui clignotent sont interdites. ( pas de gif animé )

comparaison avec un systeme légal gps informant des radars

Là où des solutions gps payantes vous informent en direct sur la portion de trajet qui vous concerne, la lecture de cette page facebook est plus compliquée.
Pour savoir s'il un radar a été signalé sur mon trajet, il faut prendre connaissance de tous les messages et être capable d'identifier que tel message concerne bien mon trajet.

Imaginez que vous traversez l'Aveyron, vous recevez « Gendarmes de sortie au carrefour de la caisse d'épargne à Espalion ». Mis a part pour quelques locaux qui connaissent tres précisément les lieux, les autres vont chercher sur une carte ou c'est. Au bout du 10eme message qui ne les concerne pas... Ce n'est pas tres pratique, sauf pour les locaux.
Il est impossible d'éviter à coup sur les radars avec cette page.

De plus, ce système est dépendant de facebook. Si facebook decide dans ses prochaines conditions générales de publier les messages gratuits de cette page avec une heure de retard, tout s'écroule.

Et le jugement ?

Il leur était reproché «d'avoir fait usage d'un appareil permettant de se soustraire à la constatation d'infractions routières en l'espèce en équipant leur téléphone portable de l'application Facebook.»
Les quinze répondaient de 'soustraction à la constatation des infractions routières'.

Le tribunal correctionnel de Rodez les a condamné le 03/12/2014 à 1 mois de suspension de permis de conduire pour avoir signalé l'emplacement de radars.

«Il s'agit d'un jugement hypocrite», a déclaré le cofondateur du groupe, Mathieu Chané, à la sortie de l'audience. 'Nous sommes plus de 13000 membres sur le groupe et 600 000 en France à utiliser ce type de pages Facebook et aujourd'hui, nous ne sommes que 15 à être condamnés'

Source: LeFigaro.fr La justice condamne un groupe Facebook antiradars
Source : Centre presse Aveyron groupe Facebook antiradars : les quinze membres condamnés

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